Les sombres desseins d’un albinos.

Via Scoop.itLe feng shui ,Une Maison pour Mieux Vivre

Plus le temps passait, plus je devenais un monstre n’ayant ni âme ni humanité. J’étais quelque chose d’abominable. Les gens me voyaient comme un vulgaire déchet à brûler afin que je ne puisse plus souiller le monde de ma présence impie. Ce sentiment, d’abord horriblement persistant, se dissipa rapidement dans les recoins tortueux de mon subconscient. On venait de m’injecter mon sédatif habituel et je m’endormis telle une masse.
Lorsque je rouvris les yeux, je me retrouvais encore dans cette maudite salle d’hôpital. Sa blancheur morbide me donnait envie de vomir. Ça faisait des années que je pourrissais dans cet endroit, mais il avait l’air toujours aussi répugnant que la première fois. Je suppose qu’il y a des choses auxquelles on ne se fait jamais.
Une voix de crécelle fit titiller mes tympans.
« Bien le bonjour, mon cher White ! Vous voilà enfin réveillé ! »
Je soupirai intérieurement, profondément agacé. C’était le Dr. John Foster, la personne qui était chargée de mon traitement. Je n’avais pas énormément de sympathie à son égard.
« Avez-vous bien dormi, l’ami ? me demanda-t-il en souriant vicieusement. »
Je portai une main à mon crâne, je me sentais si harassé. Un semblant de sourire se crispa sur mes lèvres desséchées.
« Si on oublie le mal de crâne que j’ai, on peut dire que ça va… »
Je reçus un rire en guise de réponse, c’était un rire aux accents moqueurs et dédaigneux. Je n’aimais décidément pas ce « cher » Foster. Il était en quelque sorte ma bête noire.
J’eus tout de même la force de réprimer les pulsions meurtrières qui me tourmentaient. De toute façon, je n’étais pas dupe ; dans l’état où je me trouvais, comment aurais-je pu me défendre ?
Le docteur m’observa silencieusement durant quelques secondes. Ce qui était fascinant avec lui, c’est qu’il donnait l’impression d’être capable de sonder n’importe qui avec ses yeux bleus. Son regard était d’une froideur effrayante. Il s’approcha de moi et posa une main froide sur mon bras cadavérique. Je l’interrogeai d’un signe de la tête, curieux.
« Comme vous le savez, mon brave, aujourd’hui est un grand jour dans le cadre de nos recherches. Nous allons faire un bond spectaculaire et, une fois n’est pas coutume, j’ose espérer que nous pourrons compter sur votre entière collaboration ! »
Le Dr. Foster était un pervers doublé d’un sadique. Il prenait un plaisir malsain à me parler comme si j’étais une personne libre de mes droits, alors qu’en réalité je n’étais qu’un vulgaire rat de laboratoire. J’avais envie de l’étriper de mes propres mains et de le torturer jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je pense qu’il était plus ou moins au courant des sombres projets que je nourrissais pour sa petite personne. J’avais beau le haïr de toutes mes forces, je devais quand même admettre que sa perspicacité était hors du commun. Elle n’avait d’égale que sa perversité.
« Vous savez bien que je ne peux rien vous refuser, répondis-je hypocritement.
– Excellente réponse ! Je savais que vous et moi étions sur la même longueur d’ondes. »
Et bien plus qu’il ne le croyait, pensai-je ironiquement. Mon regard se porta sur la fenêtre qui donnait sur la cour de l’hôpital.Je m’imaginais souvent en train de parcourir cette cour, abandonnant une bonne fois pour toutes ce lieu et mon passé. Cette liberté illusoire avait tendance à me rendre mélancolique.
Combien de temps allais-je encore moisir dans cet endroit écœurant ? La simple idée d’y mourir suscitait en moi une myriade d’émotions oscillant pour la plupart entre la haine et la peur.
J’étais prêt à tout pour partir, même à vendre mon âme au Diable. Mais que faire après ? J’avais tout perdu. Il y a un adage qui dit que la vengeance est un excellent remède pour atténuer la souffrance. Ce remède, ô mes chers amis, j’avais très envie de le savourer sur cette ordure de Foster. Et ce, quitte à me montrer encore plus monstrueux que lui.
Dans ma tête, ce n’était plus qu’une question de temps avant que je ne sorte d’ici. Le Dr. Foster était ma Némésis depuis des années. Cette fois-ci, je comptais bien inverser les rôles.
NB : Cette genèse est un avant-goût d’un projet que j’ai en tête depuis quelques temps. Bien évidemment, le style d’écriture et l’histoire doivent être approfondis. Mais je pense que cet extrait a au moins le mérite de donner la couleur.   © Riwan